Parfois dans la vie nous réfléchissons non seulement à ce que nous avons fait, mais aussi à ce que nous n’avons pas fait. Les regrets ne sont souvent pas liés aux grandes erreurs que nous avons commises, mais plutôt aux occasions que nous avons laissé filer. Pour beaucoup, tout ce qui nous hante tourne autour des moments d’inaction. Ces moments où nous n’avons pas osé, où nous avons reculé, où nous avons fermé les yeux, ou simplement, où nous n’avons pas pris le risque.
Le problème, ce n’est pas les échecs ou les erreurs, mais les opportunités manquées, ces instants où la peur ou l’incertitude nous ont retenu.e.s. Ce travail que je n’ai pas tenté d’obtenir, par crainte de ne pas être suffisamment qualifié.e. Cette conversation que je n’ai pas eue, car je craignais d’être rejeté.e. Ce voyage que je n’ai jamais entrepris, ces risques que je n’ai jamais pris et toutes ces chances qui se sont évanouies.
Le poids de l'inaction
Si l’on y pense, la vie semble parfois se diviser en deux chemins : l’un où l’on agit et l’autre où l’on choisit de ne pas bouger. Trop souvent, on choisit la voie du confort et de la peur du changement croyant que cela nous protégera de la douleur ou de l’échec. Pourtant, en évitant les risques, on choisit inconsciemment le chemin du regret.
Albert Bandura, père de la théorie de l’auto-efficacité, a mis en lumière que c’est en agissant, en relevant des défis et en se confrontant à l’inconnu, que nous développons la conviction que nous sommes capables de réussir. Ne pas agir, au contraire, nous renforce dans l’idée que nous ne sommes pas suffisamment compétents ou que nous n’avons pas les ressources nécessaires pour surmonter les obstacles. Ce phénomène, selon Bandura, peut même renforcer le cycle de l’évitement et du désengagement, rendant chaque action future encore plus intimidante.
Susan Jeffers, à travers son concept de « Feel the Fear and Do It Anyway » (Sentez la peur et faites-le quand même), affirme que l’action, même en présence de peur, conduit à un sentiment de libération. Selon elle, la peur est souvent le signe que nous sommes à l’aube d’une transformation personnelle. Ce que nous redoutons le plus est souvent ce qui peut nous apporter le plus grand changement.
L'incapacité à s'ouvrir
Il est courant de voir des relations qui auraient pu évoluer, mais qui s’éteignent parce que l’une ou les deux personnes n’ont pas trouvé les mots pour exprimer leurs véritables sentiments. Par peur de l’inconfort ou du rejet, le silence est souvent préféré, dans l’illusion qu’il représente l’option la plus sûre. Pourtant, ce silence peut être le choix le plus risqué. Ce ne sont pas nécessairement les circonstances ou une incompatibilité qui provoquent la fin de la relation, mais plutôt le manque d’ouverture et d’expression. Ne pas donner à la relation une véritable chance, en évitant la vulnérabilité, peut sceller son destin avant même qu’elle n’ait eu l’opportunité de se développer pleinement.
Le piège des petites décisions non prises
Dans notre culture, on valorise souvent les grandes décisions : quitter un emploi, déménager dans une nouvelle ville, entreprendre un grand changement. Et nous le faisons à raison, ces grands mouvements sont régulièrement nécessaires et ils nous permettent d’ouvrir de nouvelles phases de nos vies adaptées aux personnes que nous sommes devenues. Mais qu’en est-il des petites décisions quotidiennes que nous ne prenons pas ? Ces opportunités que nous laissons passer, pensant qu’il y aura toujours une autre chance ?
Le psychologue Barry Schwartz, connu pour son concept du « paradoxe du choix », soutient que l’abondance de choix dans nos vies modernes peut conduire à une paralysie et à une insatisfaction. Nous remettons sans cesse les décisions à plus tard, attendant que les conditions soient parfaites, mais en faisant cela, nous risquons de manquer des opportunités qui ne se reproduiront pas.
Le coût de l'inaction
Le coût de l’inaction s’accumule lentement. Il commence par un petit doute, un « et si… ? ». Mais à mesure que le temps passe, les occasions manquées s’accumulent et deviennent de véritables regrets. À la différence des échecs, des erreurs ou des risques pris, il n’est pas possible d’apprendre de ce que nous n’avons pas fait. Nous ne faisons que nous demander ce qui aurait pu être.
Daniel Kahneman, psychologue renommé pour ses travaux sur la prise de décision, a montré avec Amos Tversky que nous sommes souvent influencés par des biais cognitifs tels que l’aversion à la perte, qui nous pousse à éviter les risques plutôt qu’à rechercher les gains. Cette tendance peut nous amener à choisir l’inaction pour nous protéger de l’échec.
Cependant, les recherches de Thomas Gilovich et Victoria Medvec ont révélé que, sur le long terme, les regrets d’inaction — ces occasions manquées ou décisions non prises — pèsent plus lourd que les regrets liés aux échecs. En effet, les choix que nous n’avons pas faits laissent un vide, une sorte de nostalgie de ce qui n’a jamais été, qui s’enracine dans la perception d’opportunités perdues. Ainsi, bien que nous puissions penser que l’inaction nous préserve de la souffrance, c’est souvent elle qui nous expose à une vulnérabilité émotionnelle profonde, marquée par un sentiment de manque et de possibilité non réalisée.
Saisir les opportunités et oser prendre des risques
Le risque n’est pas aussi périlleux que nous le croyons souvent. Les situations qui nous effraient le plus — sortir de notre zone de confort, exprimer nos idées devant un groupe, ou tenter quelque chose de complètement nouveau — sont en réalité celles qui offrent les plus grandes opportunités de croissance personnelle et professionnelle. Marshall Goldsmith, expert en leadership et en changement comportemental, souligne que c’est précisément par l’action audacieuse que nous évoluons et nous épanouissons. Selon lui, le courage de dépasser ses peurs et de prendre des risques calculés est essentiel pour développer son potentiel. Même si le résultat n’est pas toujours celui que nous espérions, l’acte même de tenter nous enrichit : il nous permet d’apprendre sur nous-mêmes, de gagner en résilience et d’accumuler des expériences précieuses.
Embrasser l'inconfort : le chemin de la transformation
Avec du recul, on réalise qu’on aurait dû se confronter plus souvent à l’inconfort. Dire « oui » lorsque notre première réponse était « non », apparaître quand on voulait disparaître, parler lorsqu’on voulait se taire.
James Prochaska, développeur du modèle transthéorique du changement, soutient que le changement personnel commence par une reconnaissance des comportements d’évitement et des décisions non prises. En apprenant à reconnaître les moments où l’on opte pour l’inaction par peur ou par confort, on peut commencer à prendre des décisions plus alignées avec nos objectifs de croissance.
Conclusion : Agir pour éviter le regret
En fin de compte, les choses que nous regrettons ne sont que rarement celles que nous avons essayé et raté. Ce sont les choses que nous n’avons même pas tentées. Si l’on devait tirer une leçon en regardant en arrière, ce serait de toujours choisir l’action plutôt que l’inaction. Agir, c’est accepter la possibilité de l’échec, mais c’est aussi se donner la chance de réussir, d’apprendre et de grandir. Chaque fois que nous choisissons de tenter, nous nous offrons la possibilité de transformer nos « et si… » en souvenirs concrets et enrichissants. Alors, pourquoi ne pas essayer, même si cela semble difficile ou incertain ? Après tout, c’est en agissant que nous vivons pleinement et que nous construisons une vie sans regrets.
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J’ai hésité avant de laisser ce commentaire mais tant pis; j’ose !
Je ne regrette pas d’avoir eu l’audace de lire ce texte remarquable et interpellant.
J’ai bien fait d’oser.
Je ne me serais jamais pardonné de ne pas l’avoir fait.