Nombreuses sont celles et ceux qui disent : “Je ne rencontre personne.”
Elles en parlent à leurs proches, parfois à leur thérapeute. Et elles y pensent souvent, en silence.
Elles se sentent prêtes. Elles affirment vouloir une relation. Pourtant, rien ne se passe.
Ce sentiment d’impasse peut être douloureux. Il donne l’impression d’un destin injuste.
On se demande alors :
- • Pourquoi les autres trouvent, et pas moi ?
- • Qu’est-ce qui bloque ?
- • Est-ce que je vais rester seul·e ?
Cependant, il est important de le dire : ce n’est pas une malchance. Ce n’est pas non plus une incapacité à aimer.
Dans bien des cas, ce vécu de solitude prolongée est le symptôme d’un mécanisme psychique profond, non conscient, mis en place après des expériences relationnelles douloureuses.
Ce que cache parfois “je ne rencontre personne”
Certaines personnes veulent sincèrement aimer.
Elles se disent prêtes, affirment avoir tourné la page.
Et pourtant, sans le savoir, elles se sont mises en retrait du lien affectif.
Il ne s’agit pas là d’un choix conscient.
Au contraire, c’est une forme de protection, un mécanisme mis en place pour éviter de revivre une douleur ancienne.
Progressivement, sans en avoir pleinement conscience, la personne cesse d’investir la sphère relationnelle.
Elle peut rester active, sociable, brillante dans bien d’autres domaines.
Mais lorsqu’il s’agit d’intimité, quelque chose s’est refermé.
Ainsi, ce retrait émotionnel envoie un message silencieux mais clair :
“Ne t’approche pas trop.”
Quand le psychisme se protège en coupant l’élan
À la suite d’une ou plusieurs relations difficiles — parfois toxiques, parfois simplement trop éprouvantes — le psychisme met en place des mécanismes de défense.
Ces stratégies visent à éviter une nouvelle exposition à la souffrance émotionnelle.
Elles peuvent se manifester de plusieurs façons :
- • Une rationalisation (“je suis mieux seul·e”)
- • Une focalisation excessive sur le travail ou les projets
- • Une désactivation progressive du système affectif
- • Une baisse de l’élan pour initier ou maintenir un lien
- • Un choix récurrent de partenaires indisponibles
Bien entendu, il ne s’agit ni de mauvaise foi ni de sabotage volontaire.
Il s’agit plutôt d’une tentative — souvent efficace — de se protéger de l’effondrement émotionnel.
Cependant, à long terme, cette stratégie finit par créer un vide.
Elle installe un décalage entre ce que l’on croit vouloir et ce que l’on permet réellement.
Le paradoxe du désir sincère… et du retrait invisible
Certaines personnes vivent une contradiction profonde :
Elles expriment un désir réel de relation, tout en constatant qu’aucune rencontre ne se produit.
Pourtant, ce n’est pas un problème de volonté. C’est une fermeture inconsciente.
Concrètement, cela peut se traduire par :
- • Une absence d’élan à faire des rencontres
- • Un langage corporel qui décourage l’approche
- • Une posture sociale défensive (même discrètement)
- • Un apparent désintérêt qui masque une peur d’être à nouveau blessé·e
Autrement dit, le désir est toujours là, bien vivant à l’intérieur.
Mais à l’extérieur, tout fonctionne comme un système de régulation :
“Je veux aimer, mais je veux éviter d’avoir mal.”
Du traumatisme relationnel au retrait affectif
Ce phénomène s’inscrit parfois dans ce que l’on appelle un traumatisme relationnel.
Et il n’est pas nécessaire d’avoir vécu des violences graves pour en être affecté·e.
Il suffit, parfois, d’avoir été :
- • Dévalorisé·e,
- • Manipulé·e affectivement,
- • Incompris·e sur le long terme,
- • Ou simplement épuisé·e par une relation déséquilibrée.
Avec le temps, le corps et le psychisme apprennent à associer l’amour à la douleur, l’intimité à la perte de soi.
Alors ils s’adaptent.
Et cette adaptation passe par un retrait discret mais puissant : on ferme l’accès.
C’est un mécanisme qui peut évoluer.
Dire “je ne rencontre personne” est souvent un constat sincère.
Mais il est important d’en interroger les racines.
Car ce n’est pas toujours la faute du hasard.
Et ce n’est pas forcément “les autres” qui manquent.
Parfois, quelque chose en vous s’est mis en veille.
Non pas parce que vous n’en êtes pas capable.
Mais parce que vous avez appris que le lien coûte cher. Trop cher.
Ce retrait n’est pas une fatalité.
Il n’est pas non plus une identité figée.
C’est une stratégie de survie devenue trop rigide.
Et lorsqu’on le voit, lorsqu’on le comprend, on peut — doucement, progressivement — rouvrir l’espace de la rencontre.
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